Jusqu’à présent, le droit français prévoyait "que le salarié en arrêt maladie pour un motif non professionnel n’acquérait pas de droit à congés payés pendant son arrêt maladie". Même chose pour un arrêt maladie pour accident du travail ou maladie professionnelle.
La Cour de cassation estime que le droit national doit être écarté car il est non-conforme au droit européen.
Autrement dit : "Le salarié en arrêt maladie, peu importe qu’il s’agisse d’une maladie professionnelle ou non, continue donc à acquérir des congés payés comme s’il avait travaillé pendant toute la durée de son arrêt", confirme Maître Marion Kahn-Guerra.
"Dans un second arrêt, la Cour de cassation, toujours sur le même fondement, a également écarté la disposition qui limitait à un an la période durant laquelle le salarié arrêté après un accident du travail, continuait à acquérir des congés payés. Il n’y a donc désormais plus de limites dans le temps", poursuit-elle.
Désormais, les salariés peuvent demander l’application de cette jurisprudence à leur employeur, et saisir le Conseil de Prud’hommes sur la base de ces arrêts de la Cour de cassation en cas de refus de l'employeur".
"Pour les employeurs, il leur appartient de décider s’ils se conforment volontairement à cette décision de la Cour de cassation, ou s’ils attendent d’être condamnés par les tribunaux"
Et même si la directive européenne se base sur 4 semaines de congés payés par an alors que le Code du travail français en prévoit 5, cela ne change rien: "le droit européen pose un principe, un cadre".
• Quelles conséquences pour les entreprises ?
"Une des difficultés pour les employeurs est que ces décisions de la Cour de cassation s’appliqueront non seulement aux futurs arrêts maladie mais également aux arrêts maladie en cours ou même passés" la juriste. Cette dernière prévient : "On ne peut qu’inviter les entreprises à se mettre au plus vite en conformité avec cette nouvelle jurisprudence, sous peine de se voir condamner par les tribunaux. Avec un impact financier non négligeable pour les salariés en arrêt de longue durée", poursuit-elle.
Le casse-tête est donc prévisible et coûteux. Il faudra "gérer les retours de salariés après des absences de longue durée car outre la réadaptation dans l’emploi, il faudra écouler leur stock de congés payés acquis. Et si la maladie débouche sur une inaptitude cela va renchérir le coût du licenciement potentiellement de plusieurs mois selon la durée de l’arrêt", explique l'avocate spécialisée.